Manon B. raconte l’histoire de « Petite Émilie »

Petite Emilie

 

 

Il y a de cela plusieurs années on était trois, ma femme, sa fille et moi. Sa fille s’appelait Emilie, elle avait six ans et demi. Emilie était fusionnelle avec sa mère, elles ne pouvaient pas se passer l’une de l’autre ; je l’aimais comme si c’était ma propre fille. Emilie était très belle, elle avait des yeux qui ensorcellent, Emilie était si gentille, un vrai petit ange. Elle adorait sa mère.

 

Deux ans plus tard, Emilie avait alors huit ans, deux mois après les vacances d’été on déménagea à Paris car ma femme fut mutée. Sa fille avait une nouvelle école et elle ne tarda pas à avoir de nouveaux amis. Elle s’intégrait très vite dans sa nouvelle classe. Notre vie nous plaisait, Emilie était ravie de s’être fait de nouveaux amis, sa maîtresse était très gentille et tout allait bien pour nous.

 

Deux ans après notre déménagement, Emilie avait alors dix ans. Elle avait des bonnes notes, et elle aimait beaucoup l’école. Ma femme et moi étions très fiers d’elle, tout allait bien à la maison. Emilie était un peu ronde alors quelques enfants jaloux se moquaient et l’appelaient « bouffe tout » mais à ce moment-là, d’après ce qu’elle nous racontait, il n’y avait rien de très grave, après tout ce n’étaient que des enfants jaloux.

 

A ce moment-là, Emilie avait douze ans, elle était maintenant adolescente, mais elle n’était plus l’Emilie d’autrefois, elle n’était plus souriante et joyeuse. Ma femme, était très triste de ce changement, car avant Emilie et sa mère étaient fusionnelles mais à présent Emilie ne nous adressait même plus la parole. Sa mère et moi nous nous doutions qu’il se passait quelque chose au collège, mais Emilie nous assurait qu’il n’y avait rien, alors je préférais dire que c’était la crise d’adolescence.

 

Un jour quand j’étais sur internet, je reçus un mail de la part d’un certain Théo. Il disait qu’Emilie se faisait frapper et insulter et que ça ne pouvait plus durer, il disait qu’Emilie était comme rejetée. Je me demandais pourquoi elle n’en avait pas parlé, en réfléchissant il n’y avait que deux raisons possibles, la première, on lui faisait du chantage, la deuxième c’était qu’elle avait honte.

 

Le douze décembre, ma femme et moi avions prévu, au repas, de parler de ma découverte à Emilie. Ce jour-là je rentrai et vis qu’il n’y avait personne, alors que normalement il y a ma femme et sa fille mais là, personne. Je décidai d’aller voir sur le toit car avant, Emilie et sa mère adoraient y aller. Arrivé sur le toit, ma femme était en larmes et j’entendis la sirène d’une ambulance. A ce moment-là, je compris ce qu’il venait de se passer : Emilie était devenue un ange.